Petite histoire de Montmartre
La légende est souvent beaucoup plus belle que la réalité. Montmartre n’y échappe pas. Mais la réalité de l’histoire de Montmartre est souvent bien plus belle que la légende qu’on en a faite. Il n’est nul besoin de travestir la vérité, car ce qui s’est passé ici se suffit à lui-même, ce qui en soit est déjà une légende !
Ancienne commune de la Seine (1790), annexée par Paris en 1860, l’essentiel de son territoire constitue une grande partie du 18ème arrondissement. Montmartre fut longtemps un village hors de Paris. L’étymologie de son nom, qui reste incertaine, aurait deux origines.
Mons Martis (Mont de Mars), en raison d’un temple dédié au dieu Mars qui se serait trouvé sur la butte (près du Moulin de la Galette) ou Mercori mons, en raison de la présence d’un autre temple dédié au dieu Mercure (à peu près à l’emplacement de l’église St Pierre).
Une autre étymologie, plus récente (9ème siècle) est invoquée : Mons martyrium (mont des martyrs) en souvenir du martyr de Saint Denis, premier évêque de Paris, qui fut décapité vers 272 sur la colline de Montmartre, avec deux autres coreligionnaires, Eleuthère et Rustique (pendant la persécution ordonnée par l’empereur Valérien).
Après son exécution, la légende raconte que Saint Denis aurait marché vers le nord durant six kilomètres et, soutenu par un ange, il traversa Montmartre par le chemin qui sera appelé rue des Martyrs en tenant sa tête sous le bras. Il la porta à la fontaine appelée plus tard « fontaine de Saint Denis » pour la laver. Il marcha ensuite jusqu’à l’endroit où il tomba et où on l’ensevelit, c’est-à-dire à l’emplacement actuel de la basilique de Saint Denis.
Du Moyen Age à la Révolution, l’histoire du village de Montmartre est essentiellement marquée par ses deux Abbayes.
L’Abbaye de Saint Pierre, fut construite à Montmartre sur décision du roi Louis VI le Gros, en 1133. C’était une abbaye de bénédictines. L’abbaye royale fut dotée à maintes reprises de revenus importants, parmi lesquels des vignobles et des pressoirs.
L’abbaye comportait deux églises accolées l’une à l’autre, l’église St Denis réservée aux moniales, et l’église St Pierre, église paroissiale. C’est sous ce nom qu’est connue aujourd’hui la plus vieille église de Paris, seul vestige de l’abbaye. L’abbaye fut presque entièrement ravagée par un incendie en 1559. L’abbesse et les moniales durent alors se réfugier à Paris.
En 1590, Henri IV assiégeait Paris. On prétend que le Vert Galant était épris de la mère abbesse Claude de Beauvilliers, au vu et au su de l’armée et des nonnes. Informée, la population parisienne nomma alors l’abbaye de Montmartre « le magasin des putains de l’armée ».
Henri IV nomma ensuite Marie de Beauvilliers qui fut mère abbesse de 1598 à 1657 et qui devint la plus grande abbesse de l’abbaye des Dames de Montmartre. Femme énergique, elle s’attacha à rétablir l’ordre et à relever les ruines du monastère. Suite aux travaux qu’elle fit effectuer dans la crypte du martyrium, elle découvrit l’emplacement du martyre de Saint Denis. Cette découverte contribua au développement de l’abbaye « du bas » (près de la place des Abbesses) et à la désaffection de l’abbaye « du haut » dont il ne subsista que l’église paroissiale St Pierre. Tout disparu en 1794, sauf l’église St Pierre, dont le clocher fut utilisé un temps pour y installer un télégraphe de Chappe.
Le territoire des Dames de Montmartre était très vaste. Outre une grande partie de l’actuel 18ème arrondissement et la partie nord du 9ème, elles avaient des possessions en région parisienne et aux quatre coins de la France.
La fin de l’ancien régime et la période de la Révolution connurent à Montmartre une fièvre immobilière et de spéculation très importante, où se retrouvaient les « folies », les « petites maisons », les hôtels particuliers. Le mouvement s’amplifia sous l’Empire et sous la Restauration. Cette fièvre immobilière créa de nouveaux quartiers, comme celui de la Nouvelle Athènes dans le bas Montmartre.
Tous les artisans de la création artistique, picturale, théâtrale, littéraire, musicale se retrouvaient là et côtoyaient la bourgeoisie voltairienne de l’époque. C’est l’époque de Balzac et de Rastignac. La prostitution et la débauche existaient sur Montmartre bien avant la Révolution.
L’évolution des activités locales durant le 19ème siècle était basée sur l’exploitation des carrières, des moulins et de la vigne. A partir de 1850, les meuniers furent remplacés par les minotiers et les carrières fermées, car devenues dangereuses pour les habitants. La vigne fut arrachée, les vins locaux étant concurrencés par les vins venus par chemin de fer depuis la Bourgogne, la Loire et même l’Alsace. Comme les vignobles se situaient près des lieux de consommation, la reconversion des uns et des autres fut nécessaire. C’est ainsi que les meuniers se changèrent en marchands de vin, les agriculteurs et les vignerons en promoteurs immobiliers (du moins pour ceux qui n’avaient pas vendu leurs terrains), mouvement accéléré par la politique d’urbanisation lancée par le baron Haussmann. L’industrie s’est développée dans les établissements situés à la Chapelle ou à la Villette. C’est là que s’est constituée, dans un quartier sacrifié, la classe ouvrière décrite par Emile Zola, Eugène Sue et plus tard par Jacques Prévert et Marcel Carné.
Après l’annexion par Paris en 1860, Montmartre connut un tournant décisif dans son histoire à partir de 1870, date de la défaite de Sedan et de la Commune en 1871. La population à cette époque était très disparate. On y trouvait des ouvrières (des femmes en cheveux), des modistes, des fleuristes, des brunisseuses, des giletières. On appelait les femmes de Montmartre des grisettes pour les plus honnêtes, mais aussi des chérettes. Il y avait aussi les lorettes, les lionnes, les trottins, les gommeuses à chapeaux, ou en pire, les pierreuses, les gagneuses, les radeuses… Les hommes étaient ouvriers, artisans besogneux, calicots, petits boutiquiers, commis souffreteux, feuillagistes… On trouvait aussi les maquereaux, les ruffians, les souteneurs et autres apaches… La bourgeoisie et l’aristocratie résidaient quant à elle dans la Nouvelle Athènes et aux Porcherons.
La sociologie du quartier, très populaire, anarchiste ou même libertaire, avec une population pauvre et souvent désoeuvrée, alliée à un anticléricalisme vivace, a favorisé l’éclosion de l’insurrection de la Commune en mars 1871, après la défaite de Sedan et la chute du second Empire en septembre 1870 et le départ de l’Assemblée à Versailles. Il ne faut pas négliger non plus le nationalisme lié au refus de capituler du peuple de Paris, face à la médiocrité des dirigeants.
L’ordre donné par le Gouvernement d’enlever les pièces d’artillerie qui se trouvaient à Montmartre fut le déclic de l’insurrection et du massacre. Même Clemenceau, maire de Montmartre, ne put calmer l’émeute qui se termina dans le sang.
La fin de la Commune fut entachée par des débordements incontrôlés de part et d’autre, qui causèrent notamment l’incendie des Tuileries et de l’Hôtel de Ville, mais aussi d’innombrables massacres dans le peuple de Paris. La Commune connut le premier pouvoir prolétarien, récupéré ensuite par la gauche et l’ultra-gauche.
Jean-Baptiste Clément donna à la Commune son hymne, Le Temps des cerises. L’Internationale fut également créée à Montmartre.
C’est à la suite de la défaite de Sedan et des massacres de la Commune que l’Assemblée vota le « Vœu national » décidant de construire à Montmartre la basilique du Sacré Cœur, à proximité de l’église St Pierre. Depuis cette époque, la méfiance de Paris à l’égard de Montmartre est restée très vive. Le texte du serment de la CCM qui évoque la terre de frondeuses pensées rappelle un peu de cette histoire… Un peu de cet esprit frondeur persiste toujours à Montmartre, et qui en fait l’originalité.
Les années 1920 ont connu différentes vagues de nouveaux riches qui, n’ayant pas la culture du passé de Montmartre, trouvaient que la Butte était vulgaire et trop populaire. Gen Paul tenait salon avenue Junot. On y rencontrait Céline, Marcel Aymé, Arletty, Grandval…
Aujourd’hui, les quartiers populaires de Montmartre n’existent plus guère, investis dorénavant par une nouvelle bourgeoisie, de nouveaux riches qui se réclament de gauche, les « bobos ». Ils se sont installés dans les quartiers autrefois populaires (Abbesses) et dans les quartiers plus huppés (Junot/Caulaincourt).
Ancienne commune de la Seine (1790), annexée par Paris en 1860, l’essentiel de son territoire constitue une grande partie du 18ème arrondissement. Montmartre fut longtemps un village hors de Paris. L’étymologie de son nom, qui reste incertaine, aurait deux origines.
Mons Martis (Mont de Mars), en raison d’un temple dédié au dieu Mars qui se serait trouvé sur la butte (près du Moulin de la Galette) ou Mercori mons, en raison de la présence d’un autre temple dédié au dieu Mercure (à peu près à l’emplacement de l’église St Pierre).
Une autre étymologie, plus récente (9ème siècle) est invoquée : Mons martyrium (mont des martyrs) en souvenir du martyr de Saint Denis, premier évêque de Paris, qui fut décapité vers 272 sur la colline de Montmartre, avec deux autres coreligionnaires, Eleuthère et Rustique (pendant la persécution ordonnée par l’empereur Valérien).
Après son exécution, la légende raconte que Saint Denis aurait marché vers le nord durant six kilomètres et, soutenu par un ange, il traversa Montmartre par le chemin qui sera appelé rue des Martyrs en tenant sa tête sous le bras. Il la porta à la fontaine appelée plus tard « fontaine de Saint Denis » pour la laver. Il marcha ensuite jusqu’à l’endroit où il tomba et où on l’ensevelit, c’est-à-dire à l’emplacement actuel de la basilique de Saint Denis.
Du Moyen Age à la Révolution, l’histoire du village de Montmartre est essentiellement marquée par ses deux Abbayes.
L’Abbaye de Saint Pierre, fut construite à Montmartre sur décision du roi Louis VI le Gros, en 1133. C’était une abbaye de bénédictines. L’abbaye royale fut dotée à maintes reprises de revenus importants, parmi lesquels des vignobles et des pressoirs.
L’abbaye comportait deux églises accolées l’une à l’autre, l’église St Denis réservée aux moniales, et l’église St Pierre, église paroissiale. C’est sous ce nom qu’est connue aujourd’hui la plus vieille église de Paris, seul vestige de l’abbaye. L’abbaye fut presque entièrement ravagée par un incendie en 1559. L’abbesse et les moniales durent alors se réfugier à Paris.
En 1590, Henri IV assiégeait Paris. On prétend que le Vert Galant était épris de la mère abbesse Claude de Beauvilliers, au vu et au su de l’armée et des nonnes. Informée, la population parisienne nomma alors l’abbaye de Montmartre « le magasin des putains de l’armée ».
Henri IV nomma ensuite Marie de Beauvilliers qui fut mère abbesse de 1598 à 1657 et qui devint la plus grande abbesse de l’abbaye des Dames de Montmartre. Femme énergique, elle s’attacha à rétablir l’ordre et à relever les ruines du monastère. Suite aux travaux qu’elle fit effectuer dans la crypte du martyrium, elle découvrit l’emplacement du martyre de Saint Denis. Cette découverte contribua au développement de l’abbaye « du bas » (près de la place des Abbesses) et à la désaffection de l’abbaye « du haut » dont il ne subsista que l’église paroissiale St Pierre. Tout disparu en 1794, sauf l’église St Pierre, dont le clocher fut utilisé un temps pour y installer un télégraphe de Chappe.
Le territoire des Dames de Montmartre était très vaste. Outre une grande partie de l’actuel 18ème arrondissement et la partie nord du 9ème, elles avaient des possessions en région parisienne et aux quatre coins de la France.
La fin de l’ancien régime et la période de la Révolution connurent à Montmartre une fièvre immobilière et de spéculation très importante, où se retrouvaient les « folies », les « petites maisons », les hôtels particuliers. Le mouvement s’amplifia sous l’Empire et sous la Restauration. Cette fièvre immobilière créa de nouveaux quartiers, comme celui de la Nouvelle Athènes dans le bas Montmartre.
Tous les artisans de la création artistique, picturale, théâtrale, littéraire, musicale se retrouvaient là et côtoyaient la bourgeoisie voltairienne de l’époque. C’est l’époque de Balzac et de Rastignac. La prostitution et la débauche existaient sur Montmartre bien avant la Révolution.
L’évolution des activités locales durant le 19ème siècle était basée sur l’exploitation des carrières, des moulins et de la vigne. A partir de 1850, les meuniers furent remplacés par les minotiers et les carrières fermées, car devenues dangereuses pour les habitants. La vigne fut arrachée, les vins locaux étant concurrencés par les vins venus par chemin de fer depuis la Bourgogne, la Loire et même l’Alsace. Comme les vignobles se situaient près des lieux de consommation, la reconversion des uns et des autres fut nécessaire. C’est ainsi que les meuniers se changèrent en marchands de vin, les agriculteurs et les vignerons en promoteurs immobiliers (du moins pour ceux qui n’avaient pas vendu leurs terrains), mouvement accéléré par la politique d’urbanisation lancée par le baron Haussmann. L’industrie s’est développée dans les établissements situés à la Chapelle ou à la Villette. C’est là que s’est constituée, dans un quartier sacrifié, la classe ouvrière décrite par Emile Zola, Eugène Sue et plus tard par Jacques Prévert et Marcel Carné.
Après l’annexion par Paris en 1860, Montmartre connut un tournant décisif dans son histoire à partir de 1870, date de la défaite de Sedan et de la Commune en 1871. La population à cette époque était très disparate. On y trouvait des ouvrières (des femmes en cheveux), des modistes, des fleuristes, des brunisseuses, des giletières. On appelait les femmes de Montmartre des grisettes pour les plus honnêtes, mais aussi des chérettes. Il y avait aussi les lorettes, les lionnes, les trottins, les gommeuses à chapeaux, ou en pire, les pierreuses, les gagneuses, les radeuses… Les hommes étaient ouvriers, artisans besogneux, calicots, petits boutiquiers, commis souffreteux, feuillagistes… On trouvait aussi les maquereaux, les ruffians, les souteneurs et autres apaches… La bourgeoisie et l’aristocratie résidaient quant à elle dans la Nouvelle Athènes et aux Porcherons.
La sociologie du quartier, très populaire, anarchiste ou même libertaire, avec une population pauvre et souvent désoeuvrée, alliée à un anticléricalisme vivace, a favorisé l’éclosion de l’insurrection de la Commune en mars 1871, après la défaite de Sedan et la chute du second Empire en septembre 1870 et le départ de l’Assemblée à Versailles. Il ne faut pas négliger non plus le nationalisme lié au refus de capituler du peuple de Paris, face à la médiocrité des dirigeants.
L’ordre donné par le Gouvernement d’enlever les pièces d’artillerie qui se trouvaient à Montmartre fut le déclic de l’insurrection et du massacre. Même Clemenceau, maire de Montmartre, ne put calmer l’émeute qui se termina dans le sang.
La fin de la Commune fut entachée par des débordements incontrôlés de part et d’autre, qui causèrent notamment l’incendie des Tuileries et de l’Hôtel de Ville, mais aussi d’innombrables massacres dans le peuple de Paris. La Commune connut le premier pouvoir prolétarien, récupéré ensuite par la gauche et l’ultra-gauche.
Jean-Baptiste Clément donna à la Commune son hymne, Le Temps des cerises. L’Internationale fut également créée à Montmartre.
C’est à la suite de la défaite de Sedan et des massacres de la Commune que l’Assemblée vota le « Vœu national » décidant de construire à Montmartre la basilique du Sacré Cœur, à proximité de l’église St Pierre. Depuis cette époque, la méfiance de Paris à l’égard de Montmartre est restée très vive. Le texte du serment de la CCM qui évoque la terre de frondeuses pensées rappelle un peu de cette histoire… Un peu de cet esprit frondeur persiste toujours à Montmartre, et qui en fait l’originalité.
Les années 1920 ont connu différentes vagues de nouveaux riches qui, n’ayant pas la culture du passé de Montmartre, trouvaient que la Butte était vulgaire et trop populaire. Gen Paul tenait salon avenue Junot. On y rencontrait Céline, Marcel Aymé, Arletty, Grandval…
Aujourd’hui, les quartiers populaires de Montmartre n’existent plus guère, investis dorénavant par une nouvelle bourgeoisie, de nouveaux riches qui se réclament de gauche, les « bobos ». Ils se sont installés dans les quartiers autrefois populaires (Abbesses) et dans les quartiers plus huppés (Junot/Caulaincourt).
Les peintres, les écrivains, les cabarets
Se reporter aux très nombreux ouvrages spécialisés sur le sujet (notamment ceux d’André Roussard, opus cité supra et autres).
Les peintres : Retenir que l’activité artistique jusqu’à la première moitié du 20ème siècle fut intense à Montmartre. Les plus grands artistes comme Picasso, Modigliani, Steinlen, Toulouse-Lautrec, Dufy, Van Dongen, Bonnard, Renoir, Van Gogh, Cézanne, Gauguin, Utrillo, et tant d’autres, y firent leurs débuts, du côté du Bateau Lavoir (mais pas de la Place du Tertre !). Ils ont magnifiquement contribué à la véritable renommée artistique de Montmartre.
Les écrivains : Montmartre n’était pendant un temps que l’un des quartiers de Paris pour Balzac, Zola, Barrès, Baudelaire ou Halévy.
1900, c’est le début de la Bohème, avec de nouveaux arrivants qui connurent la misère : Mac Orlan, Roland Dorgelès, Francis Carco, et surtout pour n’en citer que quelques uns, Max Jacob, Apollinaire, Pierre Reverdy, André Salmon, André Warnod, qui surent restituer l’âme de la Butte.
Les cabarets : ils sont issus des anciens débits de boisson installés aux portes de Paris, loin des quartiers bourgeois. Ce sont pourtant ces mêmes bourgeois qui venaient s’encanailler et gambiller à Montmartre, à la limite des boulevards des Fermiers Généraux, au Chat Noir, au Divan Japonais, à l’Elysée Montmartre, au Bal Tabarin, au Moulin de la Galette ou au Moulin Rouge. On y retrouvait les peintres (Toulouse-Lautrec au Moulin Rouge). C’est l’époque du French Cancan, du Chahut… (Au début, les danseuses dont l’art était de savoir lever la jambe, ne portaient pas de sous-vêtements, avant que la Préfecture de Police ne s’en émeuve…). On faisait la fête sur les boulevards du Crime… On y côtoyait les ruffians les plus louches, les prostituées, et le « milieu » jusque dans les années 1970. La plupart des cabarets s’installèrent de part et d’autres du square d’Anvers jusqu’à la place de Clichy. Le Lapin Agile paraissait alors bien excentré !
Les moulins de Montmartre
La Butte Montmartre était autrefois couronnée de moulins à vent. Neuf agitaient leurs ailes à l’ouest : le Moulin des Prés (villa Léandre) ; le Moulin de la Fontaine Saint Denis (Girardon) ; le Moulin Vieux ; le Moulin Neuf et la Grande Tour (rue Lepic) ; le petit Moulin de la Poivrière ; le Blutte Fin ; le Radet et celui des Brouillards. Quatre autres jalonnaient le tracé de l’actuelle rue Norvins : la Vieille, la Petite Tour et le Moulin du Palais ; le Radet était là avant son transfert en 1834. Deux encore à l’est : la Turlure et le Moulin de la Lancette. On n’en comptait guère plus que trois en 1857. Les moulins ne servaient pas uniquement à moudre le blé. Ils servaient aussi à presser le raisin, ainsi que les matériaux nécessaires aux manufactures. Il n’en reste que deux rescapés : le Blutte Fin et le Radet qui formaient avec le jardin et la ferme, le célèbre ensemble du Moulin de la Galette, avec son bal populaire.
Le Blutte Fin, construit en 1622, a souvent été retapé. Il se trouve actuellement à l’intérieur d’une propriété privée. Il a conservé l’essentiel de son ancien mécanisme. Nicolas-Charles Debray, propriétaire du Blutte Fin, y ajouta une guinguette et un bal, qu’il baptisa « le Moulin de la Galette ». Après avoir servi de music-hall, puis de salle d’émissions publiques, de radio ou de télévision, la salle fermée en 1966, devint studio de l’ORTF, puis disparut avec elle.
Le « Radet » a été construit en 1717. Dans les années 1960, il a été entièrement reconstruit. En 1934, il fut transformé en guinguette les dimanches et jours fériés et prend alors le nom de « Moulin de la Galette », victime du progrès et de la concurrence. Cette enseigne sera transférée vers son proche voisin, le « Blutte Fin ». L’association les « Amis du Vieux Montmartre » le sauve de la destruction en 1915. Puis, en 1924, son propriétaire le déplace à l’angle des rues Girardon et Lepic. Il a été restauré en 1978 et en 2001 (les ailes), mais il ne tourne pas.
La Place du Tertre
Elle est située à 130 m d’altitude. Elle correspond au centre de l’ancien village, à quelques mètres de l’église paroissiale St Pierre et de la basilique du Sacré Cœur. La première Mairie, installée en 1790, au domicile du premier maire, Félix Desportes, est une des maisons au fond de la place. Aujourd’hui, elle est un des lieux parmi les plus visités de Paris (autant que la Tour Eiffel), autant pour les nombreux restaurants que pour les artistes peintres et autres portraitistes qui s’y trouvent. Elle est le rappel de l’époque où Montmartre était considérée comme « la Mecque » de l’art moderne, au début du 20ème siècle (Utrillo, Picasso…)
On y trouve aussi le restaurant « la Mère Catherine », fondé en 1793. C’est là qu’est née l’expression « bistrot », qui signifie « vite » en russe, au moment de l’occupation de Paris par les cosaques, en 1814. Tous les restaurants de la place du Tertre et des alentours ont une histoire particulière, plus ou moins vérifiée, mais très attachante par les personnalités qui les ont occupés et fréquentés.
Les carrières de Montmartre
Le gypse des carrières de Montmartre fut exploité depuis la période gallo-romaine et transformé par les fours à chaux de la Butte Montmartre. Il a longtemps servi à confectionner le plâtre le plus fin et le plus réputé, tant pour la construction que pour les moulages : le « plâtre de Paris » ou « blanc parisien ».
A la fin du 19ème siècle, les carrières s’étendaient sur plus de 300 km de galeries. Le plâtre fut utilisé à grande échelle dans la capitale, d’où le diction montmartrois : « Il y a bien plus de Montmartre dans Paris que de Paris dans Montmartre. »
C’est dans ce gypse que Georges Cuvier tira des carrières un bloc dans lequel il découvrit les ossements fossiles de la sarigue (dite « sarigue de Montmartre »), donnant ainsi naissance à la paléontologie. Pendant la Commune, les carrières furent transformées en lieu d’exécution et en fosses communes. Elles furent ensuite remplacées par le cimetière de Montmartre, et ont donné son nom à l’actuel « quartier des Grandes Carrières ». Aujourd’hui, ces carrières sont quasiment toutes comblées ou foudroyées (par destruction à l’explosif des piliers de soutènement). Cependant quelques vides inaccessibles subsistent, cause de fréquents effondrements ou glissements de terrain sous la Butte. L’exploitation des carrières était souterraine, mais aussi pour partie à ciel ouvert. Ces dernières ont été remblayées le plus souvent de façon anarchique, avec des matériaux de mauvaise qualité, rendant très fragiles les fondations des immeubles construits à leur emplacement. Le nom de la place Blanche et de la rue Blanche, rappelle le temps où les tombereaux chargés de gypse descendaient de Montmartre au 17ème siècle, pour porter le plâtre dans Paris.
Se reporter aux très nombreux ouvrages spécialisés sur le sujet (notamment ceux d’André Roussard, opus cité supra et autres).
Les peintres : Retenir que l’activité artistique jusqu’à la première moitié du 20ème siècle fut intense à Montmartre. Les plus grands artistes comme Picasso, Modigliani, Steinlen, Toulouse-Lautrec, Dufy, Van Dongen, Bonnard, Renoir, Van Gogh, Cézanne, Gauguin, Utrillo, et tant d’autres, y firent leurs débuts, du côté du Bateau Lavoir (mais pas de la Place du Tertre !). Ils ont magnifiquement contribué à la véritable renommée artistique de Montmartre.
Les écrivains : Montmartre n’était pendant un temps que l’un des quartiers de Paris pour Balzac, Zola, Barrès, Baudelaire ou Halévy.
1900, c’est le début de la Bohème, avec de nouveaux arrivants qui connurent la misère : Mac Orlan, Roland Dorgelès, Francis Carco, et surtout pour n’en citer que quelques uns, Max Jacob, Apollinaire, Pierre Reverdy, André Salmon, André Warnod, qui surent restituer l’âme de la Butte.
Les cabarets : ils sont issus des anciens débits de boisson installés aux portes de Paris, loin des quartiers bourgeois. Ce sont pourtant ces mêmes bourgeois qui venaient s’encanailler et gambiller à Montmartre, à la limite des boulevards des Fermiers Généraux, au Chat Noir, au Divan Japonais, à l’Elysée Montmartre, au Bal Tabarin, au Moulin de la Galette ou au Moulin Rouge. On y retrouvait les peintres (Toulouse-Lautrec au Moulin Rouge). C’est l’époque du French Cancan, du Chahut… (Au début, les danseuses dont l’art était de savoir lever la jambe, ne portaient pas de sous-vêtements, avant que la Préfecture de Police ne s’en émeuve…). On faisait la fête sur les boulevards du Crime… On y côtoyait les ruffians les plus louches, les prostituées, et le « milieu » jusque dans les années 1970. La plupart des cabarets s’installèrent de part et d’autres du square d’Anvers jusqu’à la place de Clichy. Le Lapin Agile paraissait alors bien excentré !
Les moulins de Montmartre
La Butte Montmartre était autrefois couronnée de moulins à vent. Neuf agitaient leurs ailes à l’ouest : le Moulin des Prés (villa Léandre) ; le Moulin de la Fontaine Saint Denis (Girardon) ; le Moulin Vieux ; le Moulin Neuf et la Grande Tour (rue Lepic) ; le petit Moulin de la Poivrière ; le Blutte Fin ; le Radet et celui des Brouillards. Quatre autres jalonnaient le tracé de l’actuelle rue Norvins : la Vieille, la Petite Tour et le Moulin du Palais ; le Radet était là avant son transfert en 1834. Deux encore à l’est : la Turlure et le Moulin de la Lancette. On n’en comptait guère plus que trois en 1857. Les moulins ne servaient pas uniquement à moudre le blé. Ils servaient aussi à presser le raisin, ainsi que les matériaux nécessaires aux manufactures. Il n’en reste que deux rescapés : le Blutte Fin et le Radet qui formaient avec le jardin et la ferme, le célèbre ensemble du Moulin de la Galette, avec son bal populaire.
Le Blutte Fin, construit en 1622, a souvent été retapé. Il se trouve actuellement à l’intérieur d’une propriété privée. Il a conservé l’essentiel de son ancien mécanisme. Nicolas-Charles Debray, propriétaire du Blutte Fin, y ajouta une guinguette et un bal, qu’il baptisa « le Moulin de la Galette ». Après avoir servi de music-hall, puis de salle d’émissions publiques, de radio ou de télévision, la salle fermée en 1966, devint studio de l’ORTF, puis disparut avec elle.
Le « Radet » a été construit en 1717. Dans les années 1960, il a été entièrement reconstruit. En 1934, il fut transformé en guinguette les dimanches et jours fériés et prend alors le nom de « Moulin de la Galette », victime du progrès et de la concurrence. Cette enseigne sera transférée vers son proche voisin, le « Blutte Fin ». L’association les « Amis du Vieux Montmartre » le sauve de la destruction en 1915. Puis, en 1924, son propriétaire le déplace à l’angle des rues Girardon et Lepic. Il a été restauré en 1978 et en 2001 (les ailes), mais il ne tourne pas.
La Place du Tertre
Elle est située à 130 m d’altitude. Elle correspond au centre de l’ancien village, à quelques mètres de l’église paroissiale St Pierre et de la basilique du Sacré Cœur. La première Mairie, installée en 1790, au domicile du premier maire, Félix Desportes, est une des maisons au fond de la place. Aujourd’hui, elle est un des lieux parmi les plus visités de Paris (autant que la Tour Eiffel), autant pour les nombreux restaurants que pour les artistes peintres et autres portraitistes qui s’y trouvent. Elle est le rappel de l’époque où Montmartre était considérée comme « la Mecque » de l’art moderne, au début du 20ème siècle (Utrillo, Picasso…)
On y trouve aussi le restaurant « la Mère Catherine », fondé en 1793. C’est là qu’est née l’expression « bistrot », qui signifie « vite » en russe, au moment de l’occupation de Paris par les cosaques, en 1814. Tous les restaurants de la place du Tertre et des alentours ont une histoire particulière, plus ou moins vérifiée, mais très attachante par les personnalités qui les ont occupés et fréquentés.
Les carrières de Montmartre
Le gypse des carrières de Montmartre fut exploité depuis la période gallo-romaine et transformé par les fours à chaux de la Butte Montmartre. Il a longtemps servi à confectionner le plâtre le plus fin et le plus réputé, tant pour la construction que pour les moulages : le « plâtre de Paris » ou « blanc parisien ».
A la fin du 19ème siècle, les carrières s’étendaient sur plus de 300 km de galeries. Le plâtre fut utilisé à grande échelle dans la capitale, d’où le diction montmartrois : « Il y a bien plus de Montmartre dans Paris que de Paris dans Montmartre. »
C’est dans ce gypse que Georges Cuvier tira des carrières un bloc dans lequel il découvrit les ossements fossiles de la sarigue (dite « sarigue de Montmartre »), donnant ainsi naissance à la paléontologie. Pendant la Commune, les carrières furent transformées en lieu d’exécution et en fosses communes. Elles furent ensuite remplacées par le cimetière de Montmartre, et ont donné son nom à l’actuel « quartier des Grandes Carrières ». Aujourd’hui, ces carrières sont quasiment toutes comblées ou foudroyées (par destruction à l’explosif des piliers de soutènement). Cependant quelques vides inaccessibles subsistent, cause de fréquents effondrements ou glissements de terrain sous la Butte. L’exploitation des carrières était souterraine, mais aussi pour partie à ciel ouvert. Ces dernières ont été remblayées le plus souvent de façon anarchique, avec des matériaux de mauvaise qualité, rendant très fragiles les fondations des immeubles construits à leur emplacement. Le nom de la place Blanche et de la rue Blanche, rappelle le temps où les tombereaux chargés de gypse descendaient de Montmartre au 17ème siècle, pour porter le plâtre dans Paris.