La vigne et le vin de Montmartre
La viticulture a été pendant près de vingt siècles une activité économique prépondérante en Ile de France et son vin réputé était régulièrement servi sur la table des rois de France. Depuis le Moyen Age jusqu’au 18ème siècle, le vin parisien était considéré comme un produit de qualité.
A la chute de l’Empire romain, Lutèce et ses environs constituent l’une des plus importantes régions viticoles de la Gaule romanisée. C’était l’une des activités importantes des Parisii, habitants de l’antique Lutèce et de sa région. C’est Flodoard (893/894-966), archiviste et chanoine de la cathédrale de Reims, qui fait pour la première fois mention de l’ancienneté du vignoble de Montmartre, en rappelant qu’il était sans doute le tout premier du Parisis, c’est-à-dire de notre actuelle Ile de France. Déjà, vers 360, l’empereur romain Julien (Flavius Claudius Julianus) séjournant à Lutèce, dégusta le vin qu’on récoltait sur la colline de Montmartre et en fit l’éloge.
Au Moyen Age, ce sont les moines qui reprirent l’exploitation des vignobles. Les abbayes de Saint Denis vendangeaient à Nanterre et celle de Saint Germain des Prés, à Suresnes.Les Dames de Montmartre possédaient un pressoir près de l’église St Pierre. L’ancienne rue du Pressoir (actuelle rue St Eleuthère) l’a longtemps rappelé. Les vignerons avaient l’obligation de venir y presser leur raisin, et devaient s’acquitter d’une redevance au profit de l’abbaye.
Les Dames étaient propriétaires de plusieurs vignobles :
1) Celui du Haut et du Bas Coteau, au-dessus de notre place Saint Pierre
2) De La Rochefoucauld, sur la place du Théâtre (Dancourt)
3) La Vigne de Montaigu, côté nord de notre rue Azaïs
4) La Vigne de l’Eglise, en arrière du chœur
5) La Vigne du Bel Air, en haut du chemin Vieux (Ravignan)
6) Il y avait aussi d’autres vignobles entre les rues Lepic, de la Mire et de Ravignan et près du Château des Brouillards.
Le vignoble d’Ile de France a connu son apogée au 18ème siècle, époque à laquelle on estime qu’il occupait 42 000 hectares et qu’il constituait à l’époque le vignoble le plus important de France, devant le bordelais et la Bourgogne ! Il concernait environ 300 communes de la région.
Le vin de Montmartre a toujours bénéficié d’une réputation très ancienne. L’appellation « Goutte d’Or » existait déjà en 1474. Ce cru fut très réputé. On raconte que sous le règne de Saint Louis (Louis IX, 1214-1270), on procéda, à la suite d’une grande beuverie présidée par un savant philosophe nommé Rudolf, à un classement des vins. Le premier prix fut décerné au vin de Chypre, proclamé le « Pape des vins » ; le second prix alla au vin de Malaga, « cardinal » des vins ; le troisième prix fut partagé entre les vins de Malvoisie, d'Alicante et de la Goutte d'Or, déclarés les "rois" des vins. Le vin de la Goutte d'Or aurait été un des vins préférés de Saint Louis. Roi des vins et vin des rois, la Ville de Paris avait d’ailleurs coutume au Moyen Age d’offrir chaque année au roi de France, au jour anniversaire de son couronnement, quatre muids de vin de la Goutte d’Or.
On trouvera aussi d’autres appellations : la Sacalie, la Sauvageonne (ou Sauveresse), réunies plus tard sous le vocable de « picolo de Montmartre ».
Au 16ème siècle, les habitants de Montmartre, localité située hors de Paris, sont principalement laboureurs vignerons. Les vignes sont cultivées depuis le sommet de la Butte jusqu’aux plaines environnantes.
Au 17ème siècle, le vin de Montmartre est un petit vin réservé à la consommation locale. Un dicton populaire de l’époque se moque de la qualité de ce vin qui semble avant tout diurétique : « C’est du vin de Montmartre. Qui en boit pinte en pisse quarte. » Il faut savoir qu’une pinte équivaut à 93 centilitres et une quarte à 67 litres…
Au début du 17ème siècle, à l’emplacement actuel de l’enclos des vignes de Montmartre, se trouvait une guinguette champêtre, du nom de « parc de la belle Gabrielle ». Ce nom vient du voisinage d’une maison qui aurait appartenu à Gabrielle d’Estrées, maîtresse d’Henri IV (encore lui !)A la fin du 19ème siècle, d’après le témoignage de vieux habitants de la Butte, le vin de Montmartre était considéré comme « un ginglet très fin, d’une saveur à faire danser les chèvres, mais si désaltérant qu’on le buvait comme du petit-lait. »
Le vignoble disparut de la région parisienne dès que les vins de la Loire, de Bourgogne et d’Alsace vinrent concurrencer régulièrement, vers 1850, les régions peu propices à la culture de la vigne, grâce notamment au chemin de fer. L’urbanisation n’y fut pas étrangère non plus, plus particulièrement à Paris et à Montmartre. Le phylloxéra fit le reste.
Le Clos Montmartre
L’enclos est situé rue des Saules et bordé au nord par la rue St Vincent et à l’est par le jardin du musée de Montmartre, dans ce qui fut la partie est du Maquis.
En 1921, la Ville de Paris a un projet immobilier de construction d’habitation à bon marché (HBM) sur cette parcelle. Malgré la protestation du Vieux Montmartre et des habitants, le Conseil municipal adopta le projet. Une pétition circula, recueillant plus de 2 300 signatures, remises au Préfet de la Seine. Ce dernier, fit revenir les conseillers sur leur décision. A défaut de construire un immeuble, on choisit de créer sur l’espace vacant un jardin, appelé « Square de la Liberté » en 1929 et réservé aux enfants de Montmartre. Le jardin fut rapidement dévasté par les enfants à qui il était pourtant destiné.
Il fut alors décidé en 1933 de planter une vigne en souvenir des nombreux vignobles d’antan. Mais les citadins connaissaient davantage du vin ce qu’ils en buvaient dans les nombreux débits de boisson locaux que sa culture ! Non seulement la vigne est exposée en plein nord, mais ils pensaient pouvoir faire une vendange dès la première année...
Les membres et le maire de la Commune Libre, Pierre Labric, décidèrent cependant de créer la première Fête des Vendanges, le 7 octobre 1934.
Faute de raisins sur les vignes, Pierre Labric, jamais pris au dépourvu, fit venir pour la circonstance des tombereaux de raisins récoltés dans le beaujolais. La Fête se déroula en présence du Président de la République (le vrai), Albert Lebrun, de Henri Queuille, ministre de l’agriculture, du Président de la République de Montmartre, Henri Avelot, du maire du 18ème arrondissement, le Dr Jean Mayoux, et du maire de la Commune Libre, Pierre Labric. Les parrain et marraine furent Fernandel et Mistinguett. La tradition se perpétua jusqu’à présent, avec pour seule interruption la période de la Guerre.
La fête fut ensuite prise en main par la Mairie du 18ème arrondissement, au détriment de la Commune Libre. Ce fut la mairie du 18ème arrondissement qui confia au Comité Officiel des Fêtes et des œuvres sociales le soin d’organiser la Fête des Vendanges, ainsi que la vente aux enchères des bouteilles de vin, au profit des œuvres sociales de l’arrondissement (cf. supra). Le Comité des Fêtes devait faire en sorte que cette organisation se fasse en lien étroit avec les associations traditionnelles de Montmartre (République de Montmartre, Commune Libre (du Vieux) Montmartre, Commanderie du Clos Montmartre à partir de sa création, etc. D’autres vinrent se greffer par la suite).
Le vin de Montmartre
La qualité du vin de Montmartre au cours des différentes périodes de son histoire a déjà été évoquée plus haut. Il semble acquis que pour ce qu’il en subsistait vers la fin du 19ème siècle, il s’agissait d’un vin de qualité moyenne, voire médiocre. Cette réputation négative est restée accolée au nom du vin de Montmartre, le « picolo » étant souvent devenu synonyme de piquette…
La situation ne s’est pas améliorée depuis que la vigne a été replantée en 1933 dans l’enclos de la rue des Saules, avec une exposition en plein nord et un terrain mal drainé et mal adapté. De plus, il faut bien reconnaître que les jardiniers chargés à l’époque de l’entretien des vignes n’étaient pas vignerons et qu’ils entretenaient ce vignoble comme on le faisait d’un jardin décoratif.
Le produit de la vigne correspondait donc à la façon dont elle était élevée. Rien de bien orthodoxe ! L’ignorance autant que le manque d’intérêt prévalaient alors. Aucun véritable effort significatif ne fut fait pendant plus de 50 ans pour tenter d’améliorer la vinification. Peu importait la qualité du vin d’ailleurs, du moment que les enchères s’envolent au profit des œuvres sociales. De fait, le vin de Montmartre n’était qu’un argument de vente, l’objet principal des enchères étant l’œuvre d’art qui servait de couvercle à la caisse de 6 bouteilles ou qui l’accompagnait.
Pour résumer, le raisin de Montmartre était vendangé de façon approximative et sans discernement, pressé dans les sous-sols de la mairie du 18ème arrondissement, puis mélangé (difficile de parler dans ce cas « d’assemblage » !) à des raisins (de table) souvent en provenance du midi, chaptalisé, puis mis en bouteille. Le résultat était parfois surprenant, en tout cas original… Ceux qui en achetaient, le faisaient pour « la bonne cause » et se gardaient bien de le consommer ! Ceux qui ont pu se risquer à boire le vin, rapportaient la bouteille à la mairie, quelque peu furieux…
En 1995, le secrétaire général de la mairie (en même temps secrétaire du Comité des Fêtes) prit la décision, en accord avec la direction des parcs et jardins, de faire embaucher un œnologue, Francis Gourdin, avec pour mission de faire du « vrai » vin, à partir du vignoble de la rue des Saules, sans adjonction de raisins étrangers, ni de colorants, et en évitant une quelconque chaptalisation. Cela supposait de reconsidérer globalement les cépages du vignoble, les méthodes d’élevage, la cueillette, la vinification, etc. De très gros investissements ont été réalisés à l’époque, par la mairie et par le Comité des Fêtes (présidé alors par Gilles Guillet), pour moderniser l’équipement de la cave de la mairie, avec du matériel performant et professionnel.
Un inventaire du vignoble fut réalisé. Celui-ci fut entièrement rénové avec de nouvelles méthodes de drainage, changement de cépages, de taille et d’élevage… Le personnel affecté à l’entretien de la vigne fut spécifiquement formé à la culture de la vigne. Ce sont les jardiniers qui s’occupent aussi de la vinification jusqu’à la mise en bouteille, sous l’autorité de l’œnologue.
A la chute de l’Empire romain, Lutèce et ses environs constituent l’une des plus importantes régions viticoles de la Gaule romanisée. C’était l’une des activités importantes des Parisii, habitants de l’antique Lutèce et de sa région. C’est Flodoard (893/894-966), archiviste et chanoine de la cathédrale de Reims, qui fait pour la première fois mention de l’ancienneté du vignoble de Montmartre, en rappelant qu’il était sans doute le tout premier du Parisis, c’est-à-dire de notre actuelle Ile de France. Déjà, vers 360, l’empereur romain Julien (Flavius Claudius Julianus) séjournant à Lutèce, dégusta le vin qu’on récoltait sur la colline de Montmartre et en fit l’éloge.
Au Moyen Age, ce sont les moines qui reprirent l’exploitation des vignobles. Les abbayes de Saint Denis vendangeaient à Nanterre et celle de Saint Germain des Prés, à Suresnes.Les Dames de Montmartre possédaient un pressoir près de l’église St Pierre. L’ancienne rue du Pressoir (actuelle rue St Eleuthère) l’a longtemps rappelé. Les vignerons avaient l’obligation de venir y presser leur raisin, et devaient s’acquitter d’une redevance au profit de l’abbaye.
Les Dames étaient propriétaires de plusieurs vignobles :
1) Celui du Haut et du Bas Coteau, au-dessus de notre place Saint Pierre
2) De La Rochefoucauld, sur la place du Théâtre (Dancourt)
3) La Vigne de Montaigu, côté nord de notre rue Azaïs
4) La Vigne de l’Eglise, en arrière du chœur
5) La Vigne du Bel Air, en haut du chemin Vieux (Ravignan)
6) Il y avait aussi d’autres vignobles entre les rues Lepic, de la Mire et de Ravignan et près du Château des Brouillards.
Le vignoble d’Ile de France a connu son apogée au 18ème siècle, époque à laquelle on estime qu’il occupait 42 000 hectares et qu’il constituait à l’époque le vignoble le plus important de France, devant le bordelais et la Bourgogne ! Il concernait environ 300 communes de la région.
Le vin de Montmartre a toujours bénéficié d’une réputation très ancienne. L’appellation « Goutte d’Or » existait déjà en 1474. Ce cru fut très réputé. On raconte que sous le règne de Saint Louis (Louis IX, 1214-1270), on procéda, à la suite d’une grande beuverie présidée par un savant philosophe nommé Rudolf, à un classement des vins. Le premier prix fut décerné au vin de Chypre, proclamé le « Pape des vins » ; le second prix alla au vin de Malaga, « cardinal » des vins ; le troisième prix fut partagé entre les vins de Malvoisie, d'Alicante et de la Goutte d'Or, déclarés les "rois" des vins. Le vin de la Goutte d'Or aurait été un des vins préférés de Saint Louis. Roi des vins et vin des rois, la Ville de Paris avait d’ailleurs coutume au Moyen Age d’offrir chaque année au roi de France, au jour anniversaire de son couronnement, quatre muids de vin de la Goutte d’Or.
On trouvera aussi d’autres appellations : la Sacalie, la Sauvageonne (ou Sauveresse), réunies plus tard sous le vocable de « picolo de Montmartre ».
Au 16ème siècle, les habitants de Montmartre, localité située hors de Paris, sont principalement laboureurs vignerons. Les vignes sont cultivées depuis le sommet de la Butte jusqu’aux plaines environnantes.
Au 17ème siècle, le vin de Montmartre est un petit vin réservé à la consommation locale. Un dicton populaire de l’époque se moque de la qualité de ce vin qui semble avant tout diurétique : « C’est du vin de Montmartre. Qui en boit pinte en pisse quarte. » Il faut savoir qu’une pinte équivaut à 93 centilitres et une quarte à 67 litres…
Au début du 17ème siècle, à l’emplacement actuel de l’enclos des vignes de Montmartre, se trouvait une guinguette champêtre, du nom de « parc de la belle Gabrielle ». Ce nom vient du voisinage d’une maison qui aurait appartenu à Gabrielle d’Estrées, maîtresse d’Henri IV (encore lui !)A la fin du 19ème siècle, d’après le témoignage de vieux habitants de la Butte, le vin de Montmartre était considéré comme « un ginglet très fin, d’une saveur à faire danser les chèvres, mais si désaltérant qu’on le buvait comme du petit-lait. »
Le vignoble disparut de la région parisienne dès que les vins de la Loire, de Bourgogne et d’Alsace vinrent concurrencer régulièrement, vers 1850, les régions peu propices à la culture de la vigne, grâce notamment au chemin de fer. L’urbanisation n’y fut pas étrangère non plus, plus particulièrement à Paris et à Montmartre. Le phylloxéra fit le reste.
Le Clos Montmartre
L’enclos est situé rue des Saules et bordé au nord par la rue St Vincent et à l’est par le jardin du musée de Montmartre, dans ce qui fut la partie est du Maquis.
En 1921, la Ville de Paris a un projet immobilier de construction d’habitation à bon marché (HBM) sur cette parcelle. Malgré la protestation du Vieux Montmartre et des habitants, le Conseil municipal adopta le projet. Une pétition circula, recueillant plus de 2 300 signatures, remises au Préfet de la Seine. Ce dernier, fit revenir les conseillers sur leur décision. A défaut de construire un immeuble, on choisit de créer sur l’espace vacant un jardin, appelé « Square de la Liberté » en 1929 et réservé aux enfants de Montmartre. Le jardin fut rapidement dévasté par les enfants à qui il était pourtant destiné.
Il fut alors décidé en 1933 de planter une vigne en souvenir des nombreux vignobles d’antan. Mais les citadins connaissaient davantage du vin ce qu’ils en buvaient dans les nombreux débits de boisson locaux que sa culture ! Non seulement la vigne est exposée en plein nord, mais ils pensaient pouvoir faire une vendange dès la première année...
Les membres et le maire de la Commune Libre, Pierre Labric, décidèrent cependant de créer la première Fête des Vendanges, le 7 octobre 1934.
Faute de raisins sur les vignes, Pierre Labric, jamais pris au dépourvu, fit venir pour la circonstance des tombereaux de raisins récoltés dans le beaujolais. La Fête se déroula en présence du Président de la République (le vrai), Albert Lebrun, de Henri Queuille, ministre de l’agriculture, du Président de la République de Montmartre, Henri Avelot, du maire du 18ème arrondissement, le Dr Jean Mayoux, et du maire de la Commune Libre, Pierre Labric. Les parrain et marraine furent Fernandel et Mistinguett. La tradition se perpétua jusqu’à présent, avec pour seule interruption la période de la Guerre.
La fête fut ensuite prise en main par la Mairie du 18ème arrondissement, au détriment de la Commune Libre. Ce fut la mairie du 18ème arrondissement qui confia au Comité Officiel des Fêtes et des œuvres sociales le soin d’organiser la Fête des Vendanges, ainsi que la vente aux enchères des bouteilles de vin, au profit des œuvres sociales de l’arrondissement (cf. supra). Le Comité des Fêtes devait faire en sorte que cette organisation se fasse en lien étroit avec les associations traditionnelles de Montmartre (République de Montmartre, Commune Libre (du Vieux) Montmartre, Commanderie du Clos Montmartre à partir de sa création, etc. D’autres vinrent se greffer par la suite).
Le vin de Montmartre
La qualité du vin de Montmartre au cours des différentes périodes de son histoire a déjà été évoquée plus haut. Il semble acquis que pour ce qu’il en subsistait vers la fin du 19ème siècle, il s’agissait d’un vin de qualité moyenne, voire médiocre. Cette réputation négative est restée accolée au nom du vin de Montmartre, le « picolo » étant souvent devenu synonyme de piquette…
La situation ne s’est pas améliorée depuis que la vigne a été replantée en 1933 dans l’enclos de la rue des Saules, avec une exposition en plein nord et un terrain mal drainé et mal adapté. De plus, il faut bien reconnaître que les jardiniers chargés à l’époque de l’entretien des vignes n’étaient pas vignerons et qu’ils entretenaient ce vignoble comme on le faisait d’un jardin décoratif.
Le produit de la vigne correspondait donc à la façon dont elle était élevée. Rien de bien orthodoxe ! L’ignorance autant que le manque d’intérêt prévalaient alors. Aucun véritable effort significatif ne fut fait pendant plus de 50 ans pour tenter d’améliorer la vinification. Peu importait la qualité du vin d’ailleurs, du moment que les enchères s’envolent au profit des œuvres sociales. De fait, le vin de Montmartre n’était qu’un argument de vente, l’objet principal des enchères étant l’œuvre d’art qui servait de couvercle à la caisse de 6 bouteilles ou qui l’accompagnait.
Pour résumer, le raisin de Montmartre était vendangé de façon approximative et sans discernement, pressé dans les sous-sols de la mairie du 18ème arrondissement, puis mélangé (difficile de parler dans ce cas « d’assemblage » !) à des raisins (de table) souvent en provenance du midi, chaptalisé, puis mis en bouteille. Le résultat était parfois surprenant, en tout cas original… Ceux qui en achetaient, le faisaient pour « la bonne cause » et se gardaient bien de le consommer ! Ceux qui ont pu se risquer à boire le vin, rapportaient la bouteille à la mairie, quelque peu furieux…
En 1995, le secrétaire général de la mairie (en même temps secrétaire du Comité des Fêtes) prit la décision, en accord avec la direction des parcs et jardins, de faire embaucher un œnologue, Francis Gourdin, avec pour mission de faire du « vrai » vin, à partir du vignoble de la rue des Saules, sans adjonction de raisins étrangers, ni de colorants, et en évitant une quelconque chaptalisation. Cela supposait de reconsidérer globalement les cépages du vignoble, les méthodes d’élevage, la cueillette, la vinification, etc. De très gros investissements ont été réalisés à l’époque, par la mairie et par le Comité des Fêtes (présidé alors par Gilles Guillet), pour moderniser l’équipement de la cave de la mairie, avec du matériel performant et professionnel.
Un inventaire du vignoble fut réalisé. Celui-ci fut entièrement rénové avec de nouvelles méthodes de drainage, changement de cépages, de taille et d’élevage… Le personnel affecté à l’entretien de la vigne fut spécifiquement formé à la culture de la vigne. Ce sont les jardiniers qui s’occupent aussi de la vinification jusqu’à la mise en bouteille, sous l’autorité de l’œnologue.
Fiche d’identité de la vigne du Clos Montmartre :
Propriétaire : Mairie de Paris, direction des parcs et jardins
Régisseur : mairie du 18ème arrondissement
Production : entre 500 et 600 litres (soit 1 100 à 1 300 bouteilles de 75 cl)
Surfaces : 1 556 m² (0,15 ha)
Sols : sables de fontainebleau (très siliceux)
Sous-sol : argiles vertes et marnes à huîtres, masse de gypse
Cépage : gamay beaujolais, pinot noir, hybrides producteurs directs (HPD), seibel, couderc, seyve, villard blancs et noirs, autres cépages de multiples origines (riesling, muscat, perle de csaba, et même du noah…)
Porte-greffe : rupestris du Lot
Nombre de pieds : 1 762
Densité de plantation : 1 132 pieds/1 000 m²
Taille : Guyot simple sur 2 et 3 fils
Rendement à l’hectare : 33,5 hl/ha
Le résultat escompté fut au-delà des espérances, enregistrant un changement radical dès la première année (millésime 1995) et des progrès constants chaque année. C’est ainsi que le vin peut être qualifié de « vin de petite montagne », avec une robe brillante d’un rouge profond aux reflets violets. Le nez, assez intense, révèle des arômes floraux de pivoine et de rose rouge épanouies, mêlés à des senteurs de fruits noirs, cassis, myrtille, mûres. L’attaque en bouche est exceptionnellement souple et chaude ; la charpente bien constituée résulte d’une cuvaison prolongée. Il titre naturellement 12°5 d’alcool.
On aimerait pouvoir en dire autant de beaucoup de beaujolais nouveau !
C’est pourquoi, il est tout à fait déplacé de continuer à colporter la mauvaise réputation du vin de Montmartre, avec le sourire ironique et les sous-entendus de la personne avertie, à qui on ne la fait pas ! Ceux qui en parlent mal sont ceux en général qui n’y connaissent rien ou qui ne l’ont jamais goûté. Il est regrettable de compter parmi eux des membres de la CCM, dont c’est pourtant le rôle d’en assurer la défense, a fortiori depuis que les méthodes d’élevage et de vinification ont été fondamentalement modifiées.
Il appartiendra aux Conférenciers de la CCM de contribuer à faire évoluer les mentalités dans le bon sens.
Le flaconnage comme le coffrage ont évolué au fil des années. Les premières bouteilles étaient de forme classique (type vin de Loire), de 75 cl. L’étiquette reproduit le thème de l’affiche à partir des années 1980, avec l’indication du millésime. A partir de 1995, le choix a été fait d’utiliser des demi-bouteilles de 37,5 cl. On trouvera à l’intérieur du siège de la CCM les différents modèles de bouteilles et de coffrets utilisés depuis l’origine.
Le vin de la Commanderie du Clos Montmartre
Depuis 2006, la Commanderie du Clos Montmartre a sa propre production de vin (uniquement en rouge), à partir des vignes qui se trouvent rue Norvins, tout autour du siège de la CCM. Le vignoble compte environ 200 pieds, composé essentiellement de cépage gamay et de pinot noir. La production annuelle est d’environ 100 bouteilles de 25 cl (bellissima), sous marque déposée « Commanderie du Clos Montmartre » ©. La vinification et la mise en bouteilles sont faites par un ami vigneron, membre de la CCM. La bouteille est présentée dans un étui cylindrique de couleur rouge lie de vin et vendue au profit de la CCM.
Saint Vincent
Il est le saint patron des vignerons. Historiquement, il fut diacre à Saragosse (Espagne) au 4ème siècle, où il fut martyrisé à cause de sa foi (il fut torturé sur une maie de pressoir, ce qui explique le patronage des vignerons, avec la symbolique du sang qui coule à la place du jus de raisin). Une relique de St Vincent (peut-être une étole) fut rapportée d’Espagne en France par le roi mérovingien Childebert 1er (en 543) à la suite d’une campagne contre les Wisigoths. Il fit édifier une église aux portes de Paris de l’époque, près de la voie romaine de Sèvres, pour l’honorer ainsi qu’une abbaye à proximité. Initialement dédiée à St Vincent, cette abbaye prendra le nom de l’évêque qui l’administra, Saint Germain, pour devenir l’abbaye de Saint Germain des Prés.
Le culte, universel, de St Vincent fut très prospère à Paris et dans sa région. C’est de St Germain des Prés que partirent les premières processions en l’honneur du saint patron des vignerons. Il est fêté le 22 janvier. La tradition de la fête de St Vincent, patron des vignerons est donc très ancienne et parisienne ! Beaucoup plus tard, avant la seconde Guerre mondiale, la Confrérie des Chevaliers du Taste Vin du Clos Vougeot a remis à l’honneur cette fête patronale en Bourgogne, pour devenir ensuite la St Vincent « tournante ». Cette fête est célébrée dorénavant dans toutes les régions vinicoles de France.
C’est à la CCM que revient l’honneur d’avoir restitué à Paris cette célébration authentiquement parisienne, depuis 2004. Chaque année (le 4ème week-end de janvier), la CCM organise de nombreuses festivités à Montmartre, qui comportent des dégustations de vins et de produits du terroir (et depuis 2006, des produits de la mer avec les pêcheurs bretons de la coquille St Jacques d’Erquy), un défilé des Confréries vineuses et folkloriques, une messe solennelle à l’église St Pierre de Montmartre, un dîner de Gala…
Une statue de Saint Vincent, sculptée en 2006 par l’artiste Paul (originaire d’Arbois, dans le Jura) dans un bois de poirier, est portée en tête du défilé par les Pompiers de Paris. Elle est laissée à la dévotion des fidèles le reste de l’année, à l’intérieur de l’église St Pierre.
Propriétaire : Mairie de Paris, direction des parcs et jardins
Régisseur : mairie du 18ème arrondissement
Production : entre 500 et 600 litres (soit 1 100 à 1 300 bouteilles de 75 cl)
Surfaces : 1 556 m² (0,15 ha)
Sols : sables de fontainebleau (très siliceux)
Sous-sol : argiles vertes et marnes à huîtres, masse de gypse
Cépage : gamay beaujolais, pinot noir, hybrides producteurs directs (HPD), seibel, couderc, seyve, villard blancs et noirs, autres cépages de multiples origines (riesling, muscat, perle de csaba, et même du noah…)
Porte-greffe : rupestris du Lot
Nombre de pieds : 1 762
Densité de plantation : 1 132 pieds/1 000 m²
Taille : Guyot simple sur 2 et 3 fils
Rendement à l’hectare : 33,5 hl/ha
Le résultat escompté fut au-delà des espérances, enregistrant un changement radical dès la première année (millésime 1995) et des progrès constants chaque année. C’est ainsi que le vin peut être qualifié de « vin de petite montagne », avec une robe brillante d’un rouge profond aux reflets violets. Le nez, assez intense, révèle des arômes floraux de pivoine et de rose rouge épanouies, mêlés à des senteurs de fruits noirs, cassis, myrtille, mûres. L’attaque en bouche est exceptionnellement souple et chaude ; la charpente bien constituée résulte d’une cuvaison prolongée. Il titre naturellement 12°5 d’alcool.
On aimerait pouvoir en dire autant de beaucoup de beaujolais nouveau !
C’est pourquoi, il est tout à fait déplacé de continuer à colporter la mauvaise réputation du vin de Montmartre, avec le sourire ironique et les sous-entendus de la personne avertie, à qui on ne la fait pas ! Ceux qui en parlent mal sont ceux en général qui n’y connaissent rien ou qui ne l’ont jamais goûté. Il est regrettable de compter parmi eux des membres de la CCM, dont c’est pourtant le rôle d’en assurer la défense, a fortiori depuis que les méthodes d’élevage et de vinification ont été fondamentalement modifiées.
Il appartiendra aux Conférenciers de la CCM de contribuer à faire évoluer les mentalités dans le bon sens.
Le flaconnage comme le coffrage ont évolué au fil des années. Les premières bouteilles étaient de forme classique (type vin de Loire), de 75 cl. L’étiquette reproduit le thème de l’affiche à partir des années 1980, avec l’indication du millésime. A partir de 1995, le choix a été fait d’utiliser des demi-bouteilles de 37,5 cl. On trouvera à l’intérieur du siège de la CCM les différents modèles de bouteilles et de coffrets utilisés depuis l’origine.
Le vin de la Commanderie du Clos Montmartre
Depuis 2006, la Commanderie du Clos Montmartre a sa propre production de vin (uniquement en rouge), à partir des vignes qui se trouvent rue Norvins, tout autour du siège de la CCM. Le vignoble compte environ 200 pieds, composé essentiellement de cépage gamay et de pinot noir. La production annuelle est d’environ 100 bouteilles de 25 cl (bellissima), sous marque déposée « Commanderie du Clos Montmartre » ©. La vinification et la mise en bouteilles sont faites par un ami vigneron, membre de la CCM. La bouteille est présentée dans un étui cylindrique de couleur rouge lie de vin et vendue au profit de la CCM.
Saint Vincent
Il est le saint patron des vignerons. Historiquement, il fut diacre à Saragosse (Espagne) au 4ème siècle, où il fut martyrisé à cause de sa foi (il fut torturé sur une maie de pressoir, ce qui explique le patronage des vignerons, avec la symbolique du sang qui coule à la place du jus de raisin). Une relique de St Vincent (peut-être une étole) fut rapportée d’Espagne en France par le roi mérovingien Childebert 1er (en 543) à la suite d’une campagne contre les Wisigoths. Il fit édifier une église aux portes de Paris de l’époque, près de la voie romaine de Sèvres, pour l’honorer ainsi qu’une abbaye à proximité. Initialement dédiée à St Vincent, cette abbaye prendra le nom de l’évêque qui l’administra, Saint Germain, pour devenir l’abbaye de Saint Germain des Prés.
Le culte, universel, de St Vincent fut très prospère à Paris et dans sa région. C’est de St Germain des Prés que partirent les premières processions en l’honneur du saint patron des vignerons. Il est fêté le 22 janvier. La tradition de la fête de St Vincent, patron des vignerons est donc très ancienne et parisienne ! Beaucoup plus tard, avant la seconde Guerre mondiale, la Confrérie des Chevaliers du Taste Vin du Clos Vougeot a remis à l’honneur cette fête patronale en Bourgogne, pour devenir ensuite la St Vincent « tournante ». Cette fête est célébrée dorénavant dans toutes les régions vinicoles de France.
C’est à la CCM que revient l’honneur d’avoir restitué à Paris cette célébration authentiquement parisienne, depuis 2004. Chaque année (le 4ème week-end de janvier), la CCM organise de nombreuses festivités à Montmartre, qui comportent des dégustations de vins et de produits du terroir (et depuis 2006, des produits de la mer avec les pêcheurs bretons de la coquille St Jacques d’Erquy), un défilé des Confréries vineuses et folkloriques, une messe solennelle à l’église St Pierre de Montmartre, un dîner de Gala…
Une statue de Saint Vincent, sculptée en 2006 par l’artiste Paul (originaire d’Arbois, dans le Jura) dans un bois de poirier, est portée en tête du défilé par les Pompiers de Paris. Elle est laissée à la dévotion des fidèles le reste de l’année, à l’intérieur de l’église St Pierre.